Apple a changé sa raison sociale l'année dernière: depuis sa création la firme à la pomme (Dont le logo est passé de l'arc-en-ciel à l'uni) s'appelait Apple Computers Inc.
La firme s'appelle désormais 'Apple Inc.' tout simplement (Et surtout tout court)
Pourquoi cela? Parce qu'Apple n'est plus un fabricant d'ordinateurs, c'est un… fournisseur de services.
In fine Apple vend des plateformes de services:
- Des Macs (anciennement appelés 'Macintosh') qui s'intègrent parfaitement à iTunes, pour vendre de la musique, des séries… (Disponible aussi sur PC, tout de même!) sous forme de paiement one-shot ou d'abonnement.
- Des boitiers Apple TV qui s'intègrent au couple Mac+iTunes, avant de s'en passer pour des services de type Guide TV et Streaming/Téléchargement de vidéo par le biais d'Internet.
- Des iPhones/iPod Touch qui permettent de
- Télécharger des applications gratuites et payantes et aussi d'utiliser iTunes en mobilité
- Profiter du service MobileMe (Payant sous forme d'abonnement) qui permet de synchroniser ses données personnelles entre son iPhone, son ordinateur et un espace dédié, accessible depuis Internet.
Un cas d'école: Apple est en train de réussir là ou les autres ont échoué, c'est à dire se rémunérer tout au long du cycle de vie d'un produit (Qu'il soit hardware ou software)
L'exemple d'un Sony en particulier (Dont votre serviteur est fan et ce depuis sa tendre enfance) et des fabricants japonais en général démontre que le passage d'une firme du secteur secondaire à une firme du secteur tertiaire n'est pas trivial, loin de là.
Nokia s'y essaye avec son portail 'Ovi' et son service 'Comes with Music', mais au vu de sa puissance de feu et du volume de téléphones vendus par le géant finlandais, les résultats sont assez décevants…
The Holy Grail
Les consommateurs sont désormais prêts à ajouter des fonctionnalités/services à leur terminal et ce après l'achat initial. Ce nouveau comportement peut constituer une vraie corne d'abondance, notamment en ces temps difficiles où faire acheter un nouvel appareil mobile ou numérique au sens large est plus que difficile, en outre il permet d'améliorer la fidélité des consommateurs à la marque et de créer des sources de revenus supplémentaires pour les 'device manufacturers'.
Faciliter cet ajout de fonctionnalités ou 'l'upgrade 'après achat est donc très tentant pour un fabricant, mais peut constituer un vrai casse-tête en termes industriel, organisationnel.
Pour un Original Equipment Maker (OEM), un appareil (Ou 'Device') vendu en tant que plateforme de service est un changement de stratégie considérable.
Comme en escalade, le plus dur est le 'jeté', la transition d'un modèle à un autre: ce mouvement d'impulsion (Et donc de déséquilibre) en vue d'atteindre une prise qui n'aurait pu être atteinte normalement.
Ceci implique une approche de type 'Open Platform' (A ne pas confondre avec Open…Source), dans laquelle, le consommateur peut installer, soit des applications de son choix sur son appareil, soit des mises à jour de la part du fabricant (Par exemple des améliorations du 'Firmware', l'OS d'un produit non informatique) qui permettent une plus grande stabilité et de nouveaux services.
L'idée dans ce dernier cas est qu'un 'device' numérique doit, un an après son achat, mieux fonctionner qu'au début et non pas le contraire.
L'inconvénient majeur de ce genre de stratégie serait de repousser l'éventuel achat d'un nouveau modèle aux calendes grecques.
Actualisons les flux de trésorerie à date zéro
Cette crainte peut paraitre justifiée, cependant cet effet peut être surmonté/atténué par des revenus additionnels tirés de nouveaux services et par une amélioration de la fidélité du consommateur (Stickiness) à la marque, à l'environnement utilisateur et bien sûr aux services proposés… ce qui permet de proposer par la suite un nouveau modèle de 'device' et de garder le client dans le même 'soft-wall garden'.
L'idée est la même pour les consoles de jeu avec un Microsoft qui vient du logiciel et des Sony, Nintendo, qui essayent tous de se mettre au service: et ce en proposant Xbox Live et le portail NXE pour la Xbox 360, PlayStation Network (PSN) et PlayStation Home pour la PS3 et les Wii Channels pour la Wii.
Toutefois ces initiatives ne sont que de maigres avancées, par rapport aux potentialités: une vraie stratégie online de la part de Sony pourrait même d'ailleurs s'avérer gagnante pour la PS3 au terme de la génération actuelle de consoles de jeu.
Malheureusement Il y a de même un réel manque d'intégration des consoles portables de Sony (PSP) et de Nintendo (DS) avec leurs ainées de salon et comme évoqué, l'absence de plateforme de services de qualité pour ces dernières (Malgré le lancement récent du PSN pour la PSP).
Les fabricants d'électronique de loisirs (Consoles, Téléphones mobiles, PVR…) doivent se réveiller et rapidement, Apple les attaque de front, et renouvelle leur business model… d'ici à ce que l'iPhone devienne une véritable console de jeu portable (Cf article 'Barbarian at the Mobile Gaming Gate') et que l'AppleTV devienne un 'set top box' permettant de jouer sur sa télévision, il n'y a qu'un pas, que je franchis allégrement.
Quand j'étais petit, ma mère me disait, afin de m'obliger à manger des fruits et des pommes en particulier (En VO dans le texte, Brit oblige): 'An Apple a day, keeps the doctor away'
Aujourd'hui c'est plutôt: 'Apple: the gift that keeps on giving'.