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  • Tariq Ashraf
  • Quelques bons mots, un peu d'humour (Anglais), beaucoup de Business (Une deuxième religion), des TMT... somme toute, le regard d'un simple Citoyen (Au sens de la Grèce antique) sur notre société.

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 22:04

Cerné de toute part, Palm est en train de lutter pour sa survie: malgré des produits de qualité (Nommément les terminaux Pre et Pixi tournant sous le système d'exploitation WebOS), la société ne peut espérer n'occuper au mieux qu'une position de niche sur le marché des smartphones.

Ne disposant pas d'avantage concurrentiel fort, ni d'un écosystème de services qui lui soit propre, Palm ne peut déclencher une dynamique vertueuse lui permettant de sortir la tête de l'eau.

 

Reste la possibilité de se marier… non pas au plus offrant, mais à une entreprise qui aurait un réel intérêt à acquérir Palm, pourquoi pas un acquéreur qui voudrait faciliter sa transition du marché Entreprise au marché Grand Public par exemple…

 

L'une des clés du business model des smartphones est l'utilisation d'un écosystème de services puissant: en effet ce dernier permet de protéger ses marges dans un environnement mobile plus que difficile,  et surtout de générer des revenus après la vente d'un terminal (Post-Sales).

 

Le WebOS de Palm en est l'illustration… par l'exception, n'ayant pas d'écosystème de ce type, le constructeur californien  est dans une position peu confortable:

-          Ni vraiment spécialiste (Orienté Smartphone certes, mais avec peu de services à valeur ajoutée), ni vraiment généraliste.

-          Centré sur un marché (Les Etats-Unis) où  les perspectives de la société sont assez sombres et les options limitées… Si ce n'est un rachat par un autre constructeur OEM.

 

Trapped in Time. Surrounded by Evil. Low on Gas…

En termes de plateforme smartphone, trois forces ont clairement émergé, forces qui vont façonner le marché à leur 'main' dans les années qui viennent: Apple et son iPhone, Blackberry de RIM  et Android la plateforme de Google.

Ces trois plateformes sont très différentes, en termes de nature, de stratégie marché et d'approche technique… mais ce qu'elles ont en commun ce sont des écosystèmes de services, qui constituent leur véritable terrain d'affrontement.

 

Ainsi RIM et Apple ont bâti leur écosystème sur des plateformes propriétaires et intégrées verticalement: Apple, est enraciné dans le marché grand public par le biais de sa plateforme de distribution de contenu iTunes et du succès de l'iPod qui a précédé celui de l'iPhone. L'écosystème Blackberry quand à lui est solidement ancré dans la messagerie d'entreprise, et dispose d'une distribution quasi universelle, avec un nombre conséquent d'opérateurs mobiles proposant la solution Blackberry.

Comparé à ces deux acteurs, Google a une posture relativement différente, en proposant gratuitement une plateforme Open Source (Android) ainsi qu'un OS aux constructeurs de terminaux… ceux-ci se focalisant dès lors sur le hardware et son intégration avec le software, certains bâtissant même sur ces fondations une surcouche utilisateur propriétaire (Motoblur et Droid de Motorola, Sony Ericsson UX…).

L'intérêt de Google est l'adoption des smartphones Android par le grand public, favorisant l'accès à ses services Google Mobile Search, Maps, Android Market etc….et permettant de se rémunérer sur la publicité générée.

 

Le Bonheur est dans le Pre (Facile)

En ce qui concerne Palm, son WebOS (qui a été crée sous l'égide d'un vétéran d'Apple, Jon Rubinstein) s'appuie sur des technologies Web, ce qui a pour avantage de faciliter le développement d'applications: pour simplifier, le langage de programmation est (Proche de) celui des sites web, alors qu'Android est basé sur le langage Java (Une des normes bien établies dans la programmation mobile), et qu'Apple utilise une variation du langage C.

Pour l'avoir testé (Hors fonction de téléphonie, il est vrai), l'OS et son interface utilisateur sont de grande qualité: l'ergonomie tactile n'a rien à envier à l'iPhone, le clavier coulissant est petit mais remplit son office… l'OS est multitâche (Je peux minimiser mon application de messagerie pour changer de musique par exemple) et la fonctionnalité Synergy permet de visualiser en un seul répertoire 'virtuel' tous mes contacts (Sur le téléphone, issus de Facebook, de Twitter…).

Est-ce donc un iPhone Killer comme annoncé ? Et bien...non. Le miracle annoncé n'a pas eu lieu: le Palm Pre n'a pas entamé les ventes de l'iPhone et encore moins des Blackberrys

Aux Etats-Unis Le constructeur s'est allié (Ce qui parait quasiment…inexplicable) à l'opérateur Sprint, qui n'a pas réussi le lancement du terminal… (Et c'est peu de le dire) avec une campagne marketing inaudible, si ce n'est des spots publicitaires TV incompréhensibles qui font figure d'épouvantail.

 

Pourquoi donc? Simple: aucun avantage concurrentiel fort, un manque de soutien de son partenaire MVNO heu… pardon MNO Sprint:

-          Le WebOS ne possède pas de messagerie push de niveau Enterprise équivalente à celle de la solution Blackberry

-          Peu d'applications avec un Mobile Application Storequi vient à peine d'être lancé et un SDK (Software Development Kit: boite à outils permettant le développement des applications) qui n'a été diffusé que de manière confidentielle et ce quasiment deux mois après le lancement du Pre (Pour couronner le tout seule une poignée de développeurs peut mettre à disposition des applications, une ouverture complète étant prévue à la fin de l'année)

-          Un langage de programmation Web facile à maitriser donc… dont les qualités sont éclipsées par une base installée peu importante et donc peu monétisable face aux autres plateformes

-          Des possibilités multitâches qui sont disponibles sur Android, Symbian et même Windows Mobile (C'est dire!)

-          Des fonctions multimedia de qualité mais une synchronisation ordinateur basée sur... un programme Apple (iTunes), Apple qui n'a de cesse de bloquer la synchronisation…

-          Un manque d'opérateurs proposant le terminal, qui ne fait qu'amplifier les autres lacunes (Le Pre est disponible pour un seul opérateur par pays visé, Apple élargissant sa base client adressable en ne renouvelant pas ses clauses de distribution exclusives, RIM étant agnostique ou presque en termes d'opérateur)

 

Palm n'a pas réussi à trouver un véritable positionnement et créer un écosystème comme l'ont fait notamment Apple, RIM ou même Nokia avec Symbian.

 

Les velléités de la société sont d'ailleurs limitées par ses résultats et son manque d'assise financière (Le fond Elevation Partners, investisseur de longue date, soutenant Palm à bout de bras)

Désormais lancer un terminal de qualité, avec un OS moderne basé sur Linux et des technologies Web, n'est plus suffisant: les candidats au succès, intègrent leur plateforme à des d'écosystèmes mélangeant Services Internet (Synchronisation avec le Cloud, comptes email, push de messagerie…), Applications et distribution de contenu numérique (Musiques, Videos, eBooks…)

 

Tous ces éléments font que la technologie de Palm ne peut faire la différence… à moins de rejoindre un écosystème plus important: sans un rachat je ne vois pas comment la firme pourra sortir de sa position de niche par rapport aux Apple, RIM, Google, Nokia et autres Microsoft.

 

Qui peut décrocher Palm?

L'actif le plus important de la société est bien sur le WebOS, la question est donc de savoir qui aurait un intérêt à mettre la main sur ce dernier…

 

Ni Apple, ni Google n'ont besoin d'intégrer WebOS à leur stratégie produit: au contraire, ils ont tout à gagner de la disparition de la plateforme (Plus particulièrement Android qui consoliderait sa position de concurrent le plus sérieux…pour l'iPhone) et point besoin de jouer les Microsoft en rachetant la société afin de la fermer, le temps travaillant à cet ouvrage.

 

Bien qu'en théorie, il est indéniable que Microsoft aurait bien besoin d'une nouvelle plateforme, Windows Mobile étant indéniablement en perte de vitesse (Certains allant jusqu'à dire que WinMo est en mort clinique)… alors que la plateforme est essentielle pour le succès des services Windows Live de Microsoft. Toutefois, la philosophie de WebOS est en complète contradiction avec les piliers fondateurs de l'éditeur de Redmond: Linux/Windows, Javascript/.NET, Webkit/Internet Explorer.

Pour couronner le tout, le track record de la firme de Redmond n'est pas très bon en la matière: après avoir racheté la société Danger l'année dernière, (Fabricant du célèbre Sidekick), comme Sœur Anne, nous ne voyons rien venir…si ce n'est une perte importante des données clients il y a deux mois, données qui sont hébergées sur les serveurs Danger.

 

Alors Nokia peut être? Peu crédible, la firme est tiraillée entre les plateformes Open Source, que sont Symbian, Maemo (Basé sur Linux) et QT, et a du mal à faire décoller son écosystème maison sous la marque Ovi.

 

C'est bien le fabricant des BlackBerrys qui a le plus à gagner avec l'acquisition de Palm:lLe WebOS pourrait permettre à RIM de se rapprocher (En dehors de la messagerie mail bien sur)  de l'expérience utilisateur  de l'iPhone et autres Android 2.0.

Soyons francs, en dehors des fonctions de téléphonie (De grande qualité) et du push mail (Inégalé jusqu'à présent), le BlackBerry OS est loin d'être agréable/facile à utiliser (Not very user-friendly isn't it?). Même le BlackBerry Messenger gagnerait à être amélioré en termes d'ergonomie…

Sans vouloir rallumer la guerre BlackBerry/iPhone, il est entendu qu'en choisissant le BlackBerry un utilisateur fait une croix sur des fonctionnalités multimedia avancées, or 80% de la croissance de RIM en 2009 seront liés aux ventes grand public, terrain de prédilection de l'iPhone et d'Android, et sur ce marché, le mail c'est bien, mais l'internet et les media c'est…mieux.

 

Le WebOS peut donner un coup de jeune au BlackBerry OS et le rendre vraiment compétitif face aux ténors du secteur, et ce sans toucher aux forces de la plateforme: Sécurité renforcée, Messagerie Push, intégration au système d'information, Firmware (Partie software gérant les fonctionnalités de téléphonie) Radio optimisé…

 

Même si les choix technologiques actuels de RIM sont fort différents de ceux de Palm, le fabricant Canadien est à la croisée des chemins (Sans vouloir rentrer dans des considérations trop pointues):

-          Le BlackBerry OS tourne sur une configuration hardware et software propriétaires (JVM et API J2ME pour les puristes), toutefois RIM a racheté la société Torch Mobile afin de mettre la main sur son navigateur internet au format WebKit (Moteur ultra-rapide de l'iPhone, du Pre…), ce qui laisse penser qu'une intégration de technologies Web est à l'étude.

-          De même le firmware radio Blackberry est maison… et bien qu'optimisé, il cantonne RIM à des processeurs (XScale) d'ancienne génération, ce qui implique à terme une réécriture complète du-dit firmware

 

Le Cœur et la Raison

Voyons un peu notre cas d'étude: RIM est un bon parti, prêt même à se convertir à la religion de Palm (Croyez-en mon expérience, cela ne court pas les rues), Palm a besoin de quelqu'un de solide qui pourrait l'accueillir dans un écosystème…heu…un foyer solide.

Encore faut-il que nos deux amis soient rationnels… ce qui n'est pas gagné au vu de la personnalité des dirigeants (Mike Lazaridis et Jim Balsillie pour RIM, Jon Rubinstein pour Palm) ainsi que des actionnaires majeurs (Elevation Partners)…

 

Vous savez ma Bonne Dame c'est bien le problème: les  jeunes d'aujourd'hui, font primer le Cœur sur la raison…

 

Quand j'étais enfant, j'allais en cachette voir mon Père qui œuvrait dans son restaurant Pakistanais (Il faut suivre j'en ai parlé précédemment…), le verbe haut et le discours gouailleur, il prenait un grand plaisir à discuter avec les clients. Un soir, quelques clients étaient restés assez tard et lui posèrent la question du pourquoi des Mariages arrangés (Non pas forcés), qui constituent la norme notamment en Inde et au Pakistan.

 

En esquissant un sourire Il répondit à cette question par une autre question: quelle est l'épée de Damoclès au dessus d'un couple, la raison majeure pour laquelle un mariage prend fin? Après quelques petits échanges, les clients en question, répondirent que le sentiment amoureux pouvait disparaître avec le temps.

 

Suite à quoi mon Père porta le coup fatal:

"Et bien dans un mariage arrangé, il n'y a pas d'amour à l'origine, c'est un mariage de raison, il n'y a donc pas de risque qu'il n'y ait plus d'amour, et c'est bien pour cela que ces mariages durent…"

 

Logique implacable, voire même imparable.

 

Si vous voulez mon humble avis, le problème vient du fait que ces deux sociétés (Nommément RIM et Palm) ne soient pas pakistanaises: elles seraient dès lors plus raisonnables et sauraient où est leur intérêt… et dans le cas peu probable où elles ne le sauraient pas, elles se soumettraient à la volonté de leurs parents ou se prendraient une bonne rouste afin de leur remettre les idées en place…

 

 

@TariqAshraf

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