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  • Tariq Ashraf
  • Quelques bons mots, un peu d'humour (Anglais), beaucoup de Business (Une deuxième religion), des TMT... somme toute, le regard d'un simple Citoyen (Au sens de la Grèce antique) sur notre société.

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 22:05

Cet article est le deuxième d'une série en trois parties, série consacrée au changement d'Operating Model (A venir) des opérateurs mobiles.

Après un premier article destiné à introduire le sujet -Nommément la surconsommation de data via les réseaux mobiles-  j'essaye de cerner comment les opérateurs peuvent réagir… mais aussi de cerner les conséquences inattendues de ce phénomène.

L'industrie des télécommunications mobiles, est sur le point de faire sa révolution copernicienne dans le domaine de la data et de l'Internet mobile:

Jusqu'il y a peu, les opérateurs concernés étaient déçus par la Data;  le sujet a été monté en épingle, et malgré quelques (Rares) succès, il y a eu beaucoup d'échecs (La publicité télévisée pour 'Gallery' n'étant que la partie émergée de l'iceberg), et la croissance prévue n'a jamais été au rendez-vous.

Or depuis l'année dernière, les choses ont changé, les opérateurs sont passés d'une situation du type 'Comment va-t-on gagner de l'argent: Personne ne veut utiliser la data mobile' à une situation du type 'Comment va-t-on faire: il y a une telle demande pour la Data mobile, que cela va détruire le réseau… Que Dieu nous vienne en aide...'

Sous la pression, les opérateurs vont donc devoir trouver des solutions à leur problème:

-          Education des clients en termes de consommation Data, avec à la clé un changement de modèle de tarification.

-          Recours au WiFi qui constituera LE Moyen de consommation de data pour les terminaux mobiles

Paradoxalement ces solutions vont instancier une tendance longtemps prophétisée, mais jamais réalisée jusqu'à présent: la convergence fixe-mobile, et ce sous la forme d'une connectivité Data sans couture.

 

Les opérateurs mobiles font donc face à une explosion de la consommation de data: aux Etats Unis par exemple celle-ci a été multipliée par 18 en 30 mois… or l'évolution naturelle d'une infrastructure 2G/3G pour un opérateur est de doubler la capacité tous les 24 mois… l'effet de ciseaux est donc considérable!

La vaste majorité de la consommation de data mobile est à destination de l'Open Internet, c'est-à-dire en dehors du réseau de l'opérateur (Pas de Walled Garden sur le portail Opérateur, ou  -Dieu nous en préserve- de Gallery)

Or le cœur de réseau mobile des opérateurs mobiles est une architecture complexe destinée à mettre en œuvre des services fortement différentiés, avec une granularité très fine ne serait-ce qu'en termes de valorisation et de facturation des offres. Les clients passent donc par un super périphérique (A péage certes), pour arriver sur l'autoroute… sauf que ce n'est pas sa vocation première, loin de là, et que chaque passage coute à l'exploitant.

La qualité de service mobile demandée(Ou plutôt exigée) est très élevée contrairement au réseau Internet qui est par nature un réseau de type 'Best Effort', ce qui en fait du réseau mobile un réseau très onéreux à déployer mais aussi à maintenir… et même si nos amis opérateurs mobiles ont appliqué un fort premium prix sur les services jusqu'à maintenant, la consommation effrénée des clients utilisant leurs forfaits data 'illimités' est désormais en train de les mettre à genoux… ces derniers voulant simplement accéder à Internet.

 

Running with Scissors

Cet état de fait a pour cause l'iPhone et sa facilité d'usage… qui a saturé nombre de réseaux mobiles, mais aussi les cartes 3G pour ordinateurs portables, ces deux tendances ont crée un véritable point d'inflexion de la consommation de data:

-          Les Smartphones, selon une étude de l'équipementier Cisco ces derniers génèrent une consommation de données 40 fois plus élevée que les simples téléphones classiques (Feature Phones), donc si l'on convertit 10 millions de personnes à l'utilisation de smartphones, cela constitue l'équivalent de 400 millions de clients utilisant des Feature Phones

-          Un ordinateur portable génère selon la même étude et la même mesure, plus de 450 fois plus de données qu'un Feature Phone, si on ajoute à ces portables une connectivité 3G via des clés 3G, la charge sur le réseau mobile sera donc énorme et les conséquences…dramatiques.

Ceci devient intéressant avec l'essor des netbooks et autres petits ordinateurs portables avec un abonnement Data 3G: les opérateurs mobiles proposent ces derniers avec une subvention non négligeable, si vous êtes prêts à vous abonner sur 12 ou 24 mois…

Selon In-Stat, en 2010, 30% des ordinateurs portables seront vendus par les opérateurs mobiles avec des abonnements 3G (Lien vers l'étude)

En faisant un petit calcul, si l'on part sur des ventes mondiales de 150 Millions d'ordinateurs portables par an, cela nous donne 50 Millions d'ordinateurs connectés en 3G, soit l'équivalent de 20 milliards de feature phones sur un réseau mobile…

 

Jusqu'ici tout va bien, Jusqu'ici tout va bien… (Trop de data, j'ai donné déjà)

On peut comprendre que ce type de prévision puisse engendrer une sorte de panique chez les opérateurs… le consensus chez ces derniers est qu'il est n'est pas possible de développer leurs réseaux assez rapidement pour faire face à la croissance du trafic data et ce pour plusieurs raisons:

-          Les opérateurs n'ont pas les moyens de construire et de développer une telle infrastructure

-          Même s'ils le pouvaient, il n'y aurait pas assez de bande passante pour prendre en charge toutes ces données et ce même avec la 4G LTE

-          Les techniques de Traffic-Shaping (Le contrôle du trafic d'un réseau dans le but d’optimiser/de garantir les performances en limitant l'accès ou le débit de services mobiles) et de tiered pricing (Qui consiste à tarifer la consommation par palier d'usage) pour la data mobile seront mises en œuvre systématiquement, mais il reste à prouver qu'elles vont restreindre la croissance data…

-          …car les clients ne vont pas apprécier de passer de l'Internet Mobile "Illimité" à l'Internet Mobile 'hors de prix' ("Ce n'est pas une révolte Sire, c'est une révolution…") et nos amis opérateurs vont devoir jongler entre leurs réseaux surchargés et la peur de perdre des clients (Tout court, ou à la concurrence)

Les opérateurs mobiles disposent dans leurs cartons de nombreuses projections qui démontrent par A + B que ces derniers vont perdre de l'argent sur la fourniture de data mobile, les couts augmentant plus vite que le chiffre d'affaires: le Danger est  leur pire cauchemar, c'est à devenir un fournisseur de type Utilities sans aucune valeur ajoutée pour leurs actionnaires.

 

Ecologie des Telecoms: la bande passante mobile est une ressource rare, il va falloir la préserver.

Le WiFi? Désormais recommandé par votre opérateur: pendant de nombreuses années les opérateurs mobiles ont honnis le WiFi et essayé d'empêcher les consommateurs d'utiliser ce type de connexion, trouver un terminal ayant ces fonctionnalités était d'ailleurs fort difficile il y a quelques années…

Désormais c'est le contraire, il est difficile de trouver un smartphone n'ayant pas de WiFi intégré, et les opérateurs encouragent les constructeurs à l'intégrer et les clients à l'utiliser via leurs hot-spots.

Les techniques de Traffic Shaping? Elles existent, c'est la vie,  les opérateurs comme les clients vont devoir s'adapter.

Les opérateurs limitent déjà les performances des services et applications mobiles qui consomment le plus de données et de bande passante (Youtube par exemple), ils ne le clament pas, et sont discrets sur le sujet (Sauf lorsque les pouvoirs publics les obligent à le mentionner).

Pour le moment les consommateurs n'ont pas trop réagi: il est difficile de savoir pourquoi tel ou tel site est plus ou moins lent un jour/moment donné, mais cela va changer: de plus en plus de restrictions vont s'appliquer en termes de débit ou d'usage (Ecrit en petits caractères dans votre contrat: "L'opérateur se réserve le droit…") et nous allons nous retrouver dans une situation similaire a celle des compagnies aériennes US qui essayent de gérer le mécontentement de leurs clients (Au vu de la piètre qualité de service rendue) et d'en limiter les conséquences.

Ce que peuvent faire les opérateurs

Communiquer, éduquer leurs clients sur leur propre consommation data afin que ces derniers puissent la gérer. Il faut laisser les clients prendre leur propre décision: quelle application mobile ou quel service va utiliser quelle quantité de mon  quota de bande passante. Un simple Widget sur l'écran par exemple permettrait d'afficher la quantité de données transférée, comme est déjà affichée la couverture réseau et le niveau de la batterie.

Des API ('Application Programming Interface') permettraient aux sites web ou aux applications de gérer le niveau de service selon le niveau de bande passante disponible (L'application Facebook sur iPhone par exemple, gère la qualité d'affichage des images selon le type de connexion: en 3G la qualité est moindre, en WiFi elle est nominale)


Si on ajoute à tout cela une tarification à l'usage (Mon point suivant), les clients vont faire leur propre Traffic-Shaping, et il ne sera plus nécessaire de "manipuler" le réseau de manière… sournoise diraient certains.

 

Votre opérateur vous propose les Limithics: des forfaits…Limités

Comme je l'ai évoqué, les forfaits “illimités" actuels (Qui ne les sont pas vraiment) ne peuvent pas durer… l'équation économique ne tient pas la route…

Que faire alors me demanderez-vous? Revenir à une tarification à l'octet téléchargé?… Nous reviendrions alors plusieurs années en arrière, à l'époque où ce type de tarification constituait un obstacle à la consommation de data.

Ce que peuvent faire les opérateurs

Une solution consiste à proposer un forfait data avec une limite claire, avec au delà  non pas du hors-forfait (Mortel en termes d'habitude de consommation, de facture mais aussi de relation client) mais une tarification par palier.

Dans ce cas de figure le plafond initial de données consommées doit être à un niveau que les consommateurs modérés (Comme votre Serviteur) n'atteindront presque jamais, afin de ne pas les limiter dans leurs habitudes de consommation, le Widget d'affichage de consommation mentionné précédemment, permettant de les rassurer (Aller sur un site web ou utiliser une application n'est pas suffisant, l'information doit être affichée à l'écran)

Ceci implique une véritable révolution culturelle pour nos amis opérateurs qui n'ont pas trop l'habitude d'être transparents sur la consommation de leurs clients, (Je ne parle même pas des systèmes réseaux et d'informations qui doivent être mis à jour pour permettre cette relation de confiance transparence).

En fin de compte, les opérateurs doivent traiter leurs clients comme des adultes en leur expliquant les choses et ce que tel ou tel forfait inclut et ce qu'il n'inclut pas et ce afin de gérer leur problème de surcharge réseau.


WiFi as the Killer Saviour both Saviour AND Killer Application

Les solutions évoquées précédemment, ne peuvent résoudre à elles-seules le problème de surcharge réseau, qui est un problème d'inadéquation entre l'usage de l'infrastructure mobile et la nature de cette même infrastructure.

Tout réseau (mobile) tend à être fixe à un moment donné... plus le réseau est mobile, plus il coute cher à déployer (CAPEX: Capital Expenses)  mais aussi à utiliser (OPEX: Operating Expenses) et c'est bien ce ratio 'Mobile-to-Fixed' qui constitue le levier des opérateurs en termes d'Operating et de Business Model.

Ces derniers ont donc tout intérêt à se tourner vers un autre type de réseau…le réseau fixe… qu'ils vont exploiter afin de faire du Fixed Wireless

Bien sur la plupart des opérateurs proposent des hots spots WiFi  à leurs clients, mais nombre d'entre eux envisagent désormais le WiFi comme le sauveur de leur réseau mobile, qui pourrait leur permettre de détourner la consommation de données des terminaux mobiles vers un réseau de type sans fil mais fixe (!) qui fonctionnerait de pair avec les réseaux de type 3G et 4G.

Ce que peuvent faire les opérateurs

La configuration idéale serait un opérateur intégré fixe-mobile, ou un opérateur mobile bénéficiant d'un accord de partage de revenus (Revenue-sharing) avec des opérateurs de téléphonie et d'internet haut débit fixe. Dans ce scénario, votre fournisseur d'accès vous donnerait un routeur/modem Wi-Fi qui serait préconfiguré pour partager automatiquement la bande passante non utilisée avec des terminaux mobiles dans la zone couverte par le routeur (Comme le fait un certain 'Free'...)

Votre propre consommation serait prioritaire, et les terminaux mobiles tiers se connecteraient sans que leur propriétaire ne le sache.

L'équation économique est dans ce cas assez limpide, en ce sens que pour un opérateur le cout de subvention de stations de base WiFi est facilement plus compétitif que l'installation de stations radios mobiles.

On peut pousser le raisonnement jusqu'au bout, en envisageant des scenarii ou des FAI vendraient leurs capacités WiFi 'non utilisées' dans des zones ou le réseau mobile serait congestionné.


Ce recours au WiFi va d'ailleurs tuer dans l'œuf les Femtocells, ces mini-stations radio à installer dans les foyers, qui sont reliées à l'internet haut Débit filaire et qui permettent aux terminaux de se connecter en 3G: ces dernières devaient permettre aux opérateurs d'économiser des couts liés au réseau mobile en faisant passer le signal radio par l'Internet haut débit filaire comme l'ADSL ou la fibre (40% des usages voix et data étant générés au sein du foyer)

Pour avoir bien étudié le sujet, au delà des problèmes techniques, et de l'absence de marketing, voire des erreurs flagrantes de marketing, les CAPEX et les OPEX associés ne sont pas intéressants… et les clients sont limités par la bande passante 3G jusqu'à la femtocell: celle-ci constituant un goulet d'étranglement pour les connexions.

 

La conséquence de tout cela? LA véritable Convergence Fixe-Mobile ma bonne Dame!

Sous la pression des couts mobiles qui explosent, les opérateurs sont en train de s'orienter vers un réseau data qui va englober une connectivité fixe ET mobile, et qui pourra permettre de passer de l'un à l'autre sans couture aucune et ce afin de réduire leurs couts de fourniture de service.

Bien sur, cette convergence fixe-mobile constitue l'Arlésienne des Telecoms: tout le monde en parle depuis des années…Mais jusqu'à maintenant le focus était le handover (Passage) de la voix entre la connexion Mobile et la connexion Internet WiFi: ce handover étant très difficile à mettre en œuvre pour des raisons de qualité de Service.

Or la convergence voix, n'est pas du tout une préoccupation client, et encore moins une préoccupation des opérateurs: le réseau voix n'est pas celui qui est surchargé.

C'est bien la data qui nécessite la mise en œuvre de la convergence Fixe-Mobile: dos au mur, les opérateurs mobiles vont mettre en place des solutions réseau et terminaux permettant un handover Data,  mais aussi (Et surtout) une recherche automatisée et transparente de la connexion réseau la plus pertinente en termes de bande passante et de couts.

Ainsi à terme, la plupart des connexions mobiles utiliseront le WiFi, le réseau 3G/4G sera un palliatif à l'absence de connexion WiFi, les opérateurs mobiles proposeront de la connectivité à leurs clients, qui ne se préoccuperont que peu du mode de connexion…

Le réseau fixe fournira une connectivité haut débit au sein du foyer, au bureau ou en extérieur, le réseau mobile permettant de pallier à ce dernier lorsque nécessaire (La seule inconnue étant le split de revenu entre l'opérateur fixe et l'opérateur mobile, une bonne foire d'empoigne en perspective et une nouvelle définition du off-network)

 

Pour revenir aux prédictions et autres oracles, les enthousiastes avaient raison: les prédictions concernant un monde Ultraband (Et non pas Ultrabrite) où nous serons tous connectés, partout, tout le temps et à haut débit sont donc vraies…l'Ultraband va arriver et plus vite qu'on ne le pense.

Les enthousiastes avaient raison… mais les Cassandre aussi, l'Ultraband n'existera pas sous la (Seule) forme de réseaux mobiles, mais plutôt associé à des réseaux permettant une connexion en mobilité comme le permet le WiFi.

La situation est somme toute ironique: les opérateurs mobiles se voyaient comme les futurs Rois de la communication data: tous les terminaux devaient avoir des connexions 3G, et les opérateurs de Telecoms fixes comme les câblo-opérateurs ou les opérateurs historiques allaient devenir des entreprises de 2ème zone.

Et bien tel est pris qui croyait prendre: non seulement l'essor de l'Internet Fixe haut débit a favorisé ces opérateurs 'ringards', mais désormais il est évident que pour le salut des opérateurs mobiles, la consommation de données mobiles passera par les mêmes opérateurs… et à terme, la notion de consommation de data, mobile, en mobilité ou fixe importera peu pour les consommateurs qui préféreront se focaliser… sur la durée de leur batterie.

 

@TariqAshraf

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